Comment installer des bornes de recharges publiques ?

Le secteur du transport représente le premier émetteur de gaz à effet de serre avec plus de 30% d’émissions, dont 16% provoquées par les voitures particulières.

Réduire l’impact environnemental des véhicules devient une lutte fondamentale contre le dérèglement climatique. Dans ce contexte, la France s’est engagée à verdir son parc automobile. Pour simplifier l’usage de ces véhicules électriques, densifier le réseau de recharge publique est indispensable.

Les enjeux de la recharge publique

Le secteur des transports a une incidence directe sur la santé en dégradant la qualité de l’air. Les oxydes d’azote et les particules rejetés par les véhicules ont des effets délétères : en Europe, le nombre de décès annuels provoqués par la pollution est de l’ordre de 400 000 à 800 000. Pour réduire les impacts des véhicules sur l’écologie, il est impératif de diminuer leur nombre en circulation, d’optimiser les usages en favorisant le co-voiturage et d’améliorer les performances des voitures pour qu’elles soient moins nocives. En France, la stratégie bas-carbone fixe des orientations pour atteindre les objectifs de la loi LOM qui interdira la vente de véhicules thermiques en 2040. Cette mesure engendrera la démocratisation des véhicules zéro émission.

La dernière Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) prévoit 660 000 véhicules électriques et 500 000 hybrides rechargeables en circulation fin 2023 et 3 millions de VE et 1,8 million VHR en 2028. Pour que ces prévisions puissent se réaliser, le réseau de recharge doit se développer correctement sur le territoire. Bien que 90% des électromobilistes préfèrent se recharger à domicile ou sur leur lieu de travail, la couverture en infrastructures de recharge publique reste cruciale pour l’adoption massive de l’électromobilité. Les IRVE ouvertes au public dynamisent l’électrification du parc, car elles sont essentielles pour les conducteurs qui n’ont pas de bornes à domicile ou pour les utilisateurs intensifs. Elles sont aussi nécessaires pour les longs trajets comme les départs en vacances et apportent plus de tranquillité aux conducteurs qui ont l’assurance de pouvoir se recharger sur leur route.

Mettre en place un schéma directeur

La loi LOM a conféré aux collectivités territoriales la possibilité de réaliser des schémas directeurs pour les Infrastructures de Recharge pour Véhicules électriques (IRVE). Il s’agit de documents stratégiques ayant pour objectif de planifier, organiser et structurer l’offre de recharge pour les véhicules électriques (VE) et les véhicules hybrides rechargeables (VHR) ouverte au public. Ce schéma peut être réalisé par une entité titulaire de la compétence de création et d’entretien d’IRVE. Cela concerne les communes, les communautés urbaines ou les métropoles qui ont le droit de transférer la compétence aux établissements publics de coopération intercommunale, aux autorités organisatrices de la distribution d’électricité comme les syndicats d’énergie, aux autorités organisatrices de la mobilité et autres entités.

Le schéma directeur doit définir et anticiper les besoins au niveau de la recharge publique : quels types de points de recharge installés : AC, DC, lent, accéléré ou rapide ? Où doivent être posées les bornes : en parkings publics, en voirie, aux abords des zones commerciales, dans les zones d’activités économiques, sur des sites touristiques ou dans les zones résidentielles ? Doivent-elles être déployées de façon diffuse avec beaucoup de stations réparties sur territoire, comportant peu de points de recharge ou avec peu de stations, mais disposant de plusieurs points de recharge ?

Comment déployer les bornes publiques ?

Avant d’installer des bornes publiques, les collectivités doivent faire un état des lieux de la capacité de recharge dans le domaine privé. À ce jour, la majorité des électromobilistes se rechargent à leur domicile ou sur leur lieu de travail selon l’AVERE. Les autorités doivent connaître le développement des possibilités de charge au domicile et dans les entreprises pour dimensionner la capacité de recharge publique. Il est impératif de faire le point sur les services de recharge des parkings des grandes surfaces qui sont des concurrents des bornes publiques. Il est important de bien se coordonner avec les acteurs privés opérant dans les infrastructures de recharge comme Ionity ou Tesla. Il semble inutile de prévoir des installations publiques dans les zones où ces entreprises ont déjà mis en place ou envisagent l’installation de bornes.

Après tout ceci, il convient de choisir les lieux d’implantation des stations puis de sélectionner le type de bornes : accéléré en courant alternatif de 7,4 kW, 11 kW ou 22 kW, rapide en courant continu de 50 kW ou ultrarapide pouvant atteindre les 350 kW. La prochaine étape est d’organiser une consultation avec les acteurs concernés pour déterminer les prestataires qui prendront en charge le projet. Viennent ensuite la réalisation d’études d’exécution, des travaux de génie civil et de génie électrique, le raccordement au réseau électrique et la mise à disposition des bornes.

Quel est le coût de l’investissement ?

Le prix de l’investissement pour implanter des bornes publiques se divise en deux parts : les frais d’installation et les frais d’exploitation et de maintenance. Dans les coûts d’installation, il existe diverses dépenses à considérer comme les frais des études, de maîtrise d’œuvre et d’assistance à maître d’ouvrage, les tarifs en lien avec les travaux de génie civile pour les fondations, les tranchées et l’aménagement de l’accès à l’infrastructure et les coûts de la pose et de la mise en service des bornes. Il faut inclure le tarif pour le raccordement au réseau de distribution d’électricité. Les frais d’exploitation et de maintenance comprennent le prix de l’électricité, celui de la supervision et de l’exploitation commerciale des bornes et les frais d’entretien.

Pour soutenir l’investissement dans le déploiement de ces infrastructures, les collectivités peuvent accéder à des aides à l’instar du programme ADVENIR. Disposant d’une enveloppe de 100 millions d’euros jusqu’en 2023, cette prime finance les nouveaux points de recharge ouverts au public ou non. Elle prend en charge une partie du coût des équipements et de l’installation. Pour des bornes installées en voirie, le programme couvre 50% des dépenses, dans la limite de 1700 à 15 000 euros par point de recharge. S’il s’agit de moderniser des bornes obsolètes ouvertes au public, le taux de prise en charge est de 80% avec des plafonds de 1700 à 7000 euros.