Pour garantir le développement rapide de la mobilité électrique, l’amélioration de la couverture en bornes de recharge sur tout le territoire est une priorité.
Bien que le réseau s’étende progressivement, on ne peut que constater que certaines zones sont peu ou pas du tout desservies. Les campagnes constituent actuellement la majeure partie des zones blanches, une situation qui s’explique par une problématique relative à l’installation de ces appareils de recharge.
Bornes de recharge : équipements essentiels à l’électromobilité
En quelques années, les véhicules électriques ont réussi à séduire beaucoup de consommateurs grâce à leurs avantages évidents. Écologique et économique, la voiture électrique est très agréable à conduire. La démocratisation du véhicule électrique est assurée grâce à une offre très variée sur le marché. Cependant, la problématique de la recharge subsiste et menace de freiner les automobilistes à l’achat. L’usage de la voiture électrique au quotidien n’est pas toujours pratique en raison d’un réseau de recharge ouvert au public insuffisant. Malgré le fait que les propriétaires disposent d’un point de recharge domestique, 9 conducteurs sur 10 continuent d’utiliser les réseaux de recharge accessibles au public.
Ces infrastructures ne sont pas dénuées d’intérêt. Elles sont recherchées par les usagers dont l’autonomie de leur véhicule ne permet pas de tenir toute une journée ou ceux se trouvant dans une situation d’urgence. La performance de la borne de recharge rapide en fait une excellente solution de charge lors des voyages. L’existence de bornes accessibles et suffisantes est un critère susceptible d’inciter les automobilistes à passer à l’électrique. Dans les faits, le nombre de bornes de recharge fait défaut, particulièrement au niveau des zones éloignées des agglomérations et des grands axes routiers.
Pourquoi est-il nécessaire d’améliorer la couverture en bornes de recharge ?
Pour développer le marché des véhicules électriques et convaincre la clientèle d’en faire usage, il faut leur prouver que l’accès à la recharge ne constitue pas un problème, quelle que soit la zone où les automobilistes se trouvent. Si les grandes agglomérations profitent d’un réseau de bornes de recharge plus ou moins étendu, on ne peut pas en dire autant de la campagne. L’installation de bornes appropriées à ces espaces est un enjeu central en 2023. Encouragé par les initiatives nationales et européennes, le nombre de bornes de recharge a fortement augmenté au cours des dernières années. Mais dans la pratique, il reste encore difficile de trouver un point de recharge accessible, disponible ou fonctionnelle dans les zones éloignées. La répartition de ces équipements sur le territoire est très inégale. Certaines régions sont beaucoup mieux équipées que d’autres. Par exemple, la région Île-de-France compte plus de 10 000 points de recharge contre 700 dans la région Grand Est. Les zones rurales sont désavantagées par rapport aux zones urbaines alors que la densité de transports en commun y est plus faible.
Face à une telle inégalité, les consommateurs sont susceptibles d’éprouver une réticence à effectuer leur conversion. Pourtant, cette situation n’est pas le fait d’un hasard. L’installation de bornes de recharge en campagne est confrontée à certaines problématiques.
Un souci de financement ?
La mise en place d’une infrastructure de recharge publique pour véhicules électriques est un projet qui coûte plusieurs centaines de milliers d’euros. Les dispositifs de recharge rapide sont les plus onéreux, tant à l’achat qu’à la pose. On pourrait alors croire que le financement constitue la principale problématique à l’installation des bornes de recharge à la campagne, mais il n’en est rien. L’implantation des bornes dans les départements hors agglomération bénéficie d’une subvention de l’État accordée via ADEME et éventuellement d’une aide du syndicat départementale de l’énergie. Tout au plus, la commune financera son projet à hauteur de 50%. Le coût de l’entretien semble également dérisoire puisque le contrat d’entretien se chiffre à quelques centaines d’euros par an. En facturant la recharge aux usagers, la collectivité est susceptible de réaliser des bénéfices une fois s’être acquittée des charges. En quelques années, les communes peuvent espérer amortir intégralement leur investissement. Le budget d’installation de bornes de recharge est ainsi bien peu de chose comparée à la contribution des équipements à l’attractivité des villages.
Pour éviter d’allouer un budget à l’infrastructure locale, des communes ont trouvé un modèle économique plus avantageux qui consiste à concéder le service à des opérateurs privés en signant une convention d’occupation du domaine public.
Une demande moins présente et moins dynamique de la part des citoyens
L’hypothèse la plus plausible qui expliquerait la difficulté d’installation de bornes de recharge dans les zones rurales concerne la demande qui fait défaut de la part des habitants. L’implantation de bornes de recharge par les autorités locales est généralement une décision qui dépend des besoins des usagers. Les communes ne sauraient envisager d’investir dans des équipements onéreux si finalement les habitants disposent pour la grande majorité d’une borne privée ou d’une prise renforcée pour se charger à domicile. Pour la plupart des habitants, la voiture électrique reste encore largement onéreuse à l’achat.
La voiture électrique n’est pas seulement l’affaire des citadins. Les villageois admettent volontiers que leurs trajets moyens sont adaptés à l’autonomie moyenne des véhicules électriques, mais il reste le problème du prix d’achat.
D’un autre côté, certains habitants estiment que le déploiement des bornes de recharge ne correspond pas à leur réalité. Interrogé sur la question, un habitant de Pouy-de-Touges déplore la présence de bornes de recharge dans son village alors que les trottoirs y sont inexistants.
Un objectif européen d’une borne pour 10 véhicules à respecter
La recommandation de la Commission européenne en matière de couverture en bornes de recharge est définie à une borne pour 10 véhicules électriques en circulation. Sur ce point, la France est en dessous du ratio en comptant à la fin de l’année 2022 une borne de recharge pour 9 véhicules grâce à un total de 64 546 points de charge. L’État compte ainsi sur les collectivités locales pour atteindre l’objectif qu’il s’est fixé : 500 000 bornes installées d’ici 2027. Mais au-delà du nombre de points de charge, il convient surtout de veiller à ce que ces infrastructures soient placées au bon endroit et à la bonne puissance.