En phase avec la volonté mettre fin à la vente des voitures thermiques en 2040, le gouvernement avait annoncé l’objectif d’atteindre les 7 millions de bornes de recharge d’ici 2030.
L’effort à fournir pour atteindre ces buts s’annonce conséquent. Les collectivités territoriales doivent énormément s’impliquer pour être en mesure de relever le défi de la transition électrique. Elles tiennent le rôle de décideurs publics et de pilotes des projets de déploiement des infrastructures de recharge sur leur territoire, en complément de l’offre privée.
Les enjeux des stations de recharge ouvertes au public
Le secteur du transport est le premier responsable de l’émission de gaz à effet de serre avec plus de 30% de rejets en France, dont 16% dus aux véhicules particuliers. Il a un impact particulièrement néfaste dans le domaine de la santé publique en nuisant à la qualité de l’air. L’inhalation d’oxydes d’azote et de particules fines a des effets délétères : en Europe, entre 400 000 et 800 000 décès annuels sont provoqués par la pollution. Dans un tel contexte, la réduction de l’impact environnemental des voitures est devenue indispensable pour combattre la pollution atmosphérique et les changements climatiques. À part le développement du co-voiturage et de l’autopartage et la baisse de la circulation des véhicules via des politiques de mobilité, un des principaux moyens d’agir consiste à améliorer les performances des voitures en les rendant moins émissives. La démocratisation des véhicules zéro émission est devenue indispensable.
La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) fixe un objectif de 660 000 véhicules électriques et 500 000 véhicules hybrides rechargeables en 2023. Pour une adoption massive du parc de véhicules propres, la couverture du territoire en infrastructures de recharge publique reste un sujet fondamental. Certes, 90% des électromobilistes optent pour une recharge à domicile ou sur leur lieu de travail. Toutefois, les Infrastructures de Recharge pour Véhicules électriques (IRVE) restent cruciales pour dynamiser l’électrification. Les électromobilistes en ont besoin lorsqu’ils ne peuvent pas recharger chez eux ou en cas d’usage intensif. Ces bornes publiques sont aussi essentielles pour les longs trajets et rassurent davantage les conducteurs sur la possibilité de se recharger sur la route en cas d’imprévu.
Les schémas directeurs de développement des infrastructures de recharge de véhicules électriques ouvertes au public
En 2020, le pays comptait 1 point de recharge pour 10,3 véhicules en circulation avec de fortes disparités entre les territoires. Une étude DGEC-DGE-ADEME a relevé que certaines régions étaient équipées seulement de 1 point de recharge pour 25 véhicules dans huit départements. Les collectivités ont alors intérêt à accélérer les investissements pour que les objectifs nationaux puissent être atteints. Les communes détiennent la compétence pour « créer et entretenir des infrastructures de charge nécessaires à l’usage de véhicules électriques », conformément à l’article L. 2224-37 du Code général des collectivités territoriales.
Elles ont la possibilité de transférer cette compétence aux communautés de communes ou établissements de fourniture et de distribution d’énergie. Il est indispensable que la mise en place de ces IRVE réponde à diverses exigences pour avoir la possibilité d’installer des bornes dans les collectivités territoriales : validation des lieux d’implantation, définition du modèle juridique, étude d’exécution des travaux, raccordement au réseau électrique, mise en service, etc. Afin d’accélérer le déploiement des IRVE ouvertes au public et en garantir la cohérence nationale, la loi LOM prévoit la possibilité pour les collectivités territoriales et les établissements publics d’édifier un schéma directeur de développement des IRVE. Ce dispositif permet de développer l’offre de recharge sur le territoire pour qu’elle soit coordonnée entre les maîtres d’ouvrages publics et privés et en accord avec les politiques locales de mobilité.
Quel coût d’investissement prévoir ?
La mise en place d’IRVE sur les territoires demande une implication financière forte de la part des collectivités. Dans un premier temps, l’investissement comprend les coûts d’étude, de maîtrise d’œuvre et d’assistance à maîtrise d’ouvrage qui représentent 5 à 15% du montant total de l’investissement. Ensuite, il faut intégrer le prix des bornes de recharge en elles-mêmes qui dépend de la typologie du matériel notamment ses caractéristiques, sa puissance et sa qualité. Une borne privée type Wallbox à un point de recharge 7 à 22 kW AC coûte 1000 euros HT. Ce tarif passe entre 6000 à 8000 euros HT pour une borne à deux points de recharge 7 à 22 kW AC.
Comptez entre 15 000 à 20 000 euros HT pour une borne à deux points de recharge 22 kW AC ou 24 kW DC. Quant aux bornes de 50 à 150 kW DC, elles valent entre 25 000 et 100 000 euros. Les devis intègrent aussi les coûts de génie civil incluant les fondations, l’accès à l’infrastructure ou les tranchées qui valent entre 1000 et 3000 euros HT. Pour l’aménagement des parkings et l’accessibilité PMR, les travaux s’élèvent à 5000 euros HT. Concernant les coûts d’installation, un budget entre 2000 et 5000 euros HT est à prévoir tandis que les prix de raccordement au réseau public de distribution sont entre 2000 et 2500 euros.
Quelles aides pour l’installation de stations de recharge publique ?
Créé et piloté par l’Avere-France, le programme ADVENIR permet aux collectivités d’obtenir un soutien financier dans l’installation des bornes de recharge. Cette prime prend en charge la fourniture et l’installation de points de recharge et intervient sur le raccordement en aval des chargeurs. Elle ne prend pas en compte les prestations en lien avec la recharge comme la maintenance et de la supervision. Pour les parkings publics en voirie, les collectivités peuvent bénéficier d’un taux de prise en charge de 60% avec des plafonds de 2100 à 9000 euros par point de recharge. Pour les stations et hubs de recharge à haute puissance, l’aide peut aller de 100 000 à 240 000 euros. L’ADVENIR accorde également une subvention de 1200 à 7000 euros pour la modernisation de point de recharge publique obsolète avec un taux de prise en charge de 80%. Les collectivités qui veulent équiper leur parking privé à destination de leurs flottes peuvent aussi prétendre à 20% de prise en charge pour 1860 euros de seuil limite par borne.